en attendant elle exhume celui d'hier pour lancer une
Les femmes se mettent au noir. La tendance n’est certes pas nouvelle, mais après les déferlantes anglo-saxonnes et nordiques avec des auteures comme Ruth Rendell, Camilla Läckberg ou encore Anna Holt, les Françaises ont elles aussi réussi à s’imposer dans ce genre. On pense évidemment à Fred Vargas ou Maud Tabachnik, mais elles sont aujourd’hui rejointes par une nouvelle garde qui flirte entre le roman noir et le roman psychologique. Les éditions Héloïse d’Ormesson, qui publient depuis des années des auteures de cette veine comme Dominique Dyens, ont d’ailleurs décidé de leur dédier une collection : « Les Reines du Suspense », une première dans le monde de l’édition française. « Cela faisait des années que je recevais des romans à suspense féminin mais je ne pouvais pas tous les publier », explique Héloïse d’Ormesson. Pourtant, le potentiel est là puisque des romancières comme Dominique Dyens ou Véronique Biefnot atteignent souvent 15 000 à 30 000 exemplaires vendus quand elles passent en poche ou en club.
les reines du suspense
Tentative de définition du suspense au féminin ?
La réponse n’est pas évidente, mais pour Héloïse d’Ormesson, il existe bel et bien : « tous les noms qui me viennent à l’esprit quand on parle de suspense psychologique sont des femmes. » La dimension psychologique de l’intrigue apparaît comment un élément clé pour définir ce genre. Dominique Dyens, auteure de La Femme éclaboussée, réédité chez Héloïse d’Ormesson début mai, tente une définition : « pour moi, le suspense féminin, c’est une intrigue policière souvent mêlée à l’histoire personnelle de l’héroïne, blessée par la vie et qui flirte parfois avec la folie. » Dans ce suspense féminin, les failles psychologiques du personnage sont clé et permettent au lecteur d’éprouver de l’empathie : « c’est quand on commence à s’attacher au personnage que le suspense prend une autre dimension », note Dominique Dyens. L’une des caractéristiques de ce genre est aussi de renouer avec le romanesque tout en s’inscrivant dans la lignée des auteures anglo-saxonnes comme Ruth Rendell ou Maggie O’Farrell, qui « décrivent à merveille la confusion des sentiments », explique encore t-elle. Des héroïnes féminines qui assument leurs contradictions et dévoilent des blessures qui sont souvent à l’origine de l’intrigue, telles sont sans doute les raisons du succès auprès des lectrices.
Femmes et roman à suspense : l’autre versant d’une conquête féministe?
Des femmes qui s’attaquent au genre du roman noir, la chose n’est pas nouvelle, on pense à Agatha Christie, Dorothy L. Sayers ou encore Margery Allingham. Pourtant, Elizabeth Legros Chapuis, auteur de Des femmes dans le Noir (TheBookEdition), note dans La Revue des Ressources qu’on assiste à un « nouvel âge d’or » de la fiction criminelle depuis les années 70 et 80 avec l’émergence de romancières comme P. D. James, Ruth Rendell ou Patricia Cornwell. Elizabeth Legros Chapuis explique par ailleurs qu’à chaque époque, elles se sont inscrites dans un mouvement d’émancipation de la femme. Les années 20-30 tout comme les années 70 ont en effet été marqué par des conquêtes féministes majeures. L’émergence aujourd’hui, de ces nouvelles romancières doit, sans doute, se comprendre à l’aune des nouvelles affirmations féministes. Kathleen Gregory Klein, auteure de Women Times Three et spécialiste du genre note d’ailleurs: « les femmes écrivains choisissent avec une prédominance écrasante le personnage de femme détective. Et, remarque t-elle, « ces textes ont changé la formule, les conventions, la structure et l’impact de la fiction criminelle. »
Véronique Biefnot
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